Re: Assaut du fort fédéral
Posté : 07 févr. 2019, 00:02
Le plan qui semble recueillir l'approbation de la majorité de la troupe n'est pas un plan. C'est même la négation de toute pensée tactique. Au lieu d'utiliser chaque homme en fonction de la spécialité à laquelle la Fédération a pourtant pris soin de le former, on essayerait de faire nombre, ce qui est irrationnel dans la configuration actuelle. Au lieu de profiter de la disposition des lieux pour retourner les armes des défenseurs contre eux-mêmes, nous nous concentrerions en un seul groupe, face à des bouches à feu en tir croisé ! Au lieu de se diviser en groupes légers et rapides capables de se tailler leur propre chemin, nous piétinerions en troupeau à travers un champ de mines ! Et la cerise sur le gâteau, au lieu d'utiliser notre arme la plus puissante, vous préféreriez aller exposer vos poitrails à ces mêmes chars, que l'ennemi sait employer, lui. Bref, vous vous destineriez au carnage. C'est à croire que vous avez méticuleusement identifié toutes les difficultés de notre situation pour choisir délibérément de les subir le plus durement qu'il soit possible...
Je ne vois qu'une seule explication à pareille folie : vous avez peur, soldats. Et la peur vous fait régresser à l'état de meute : vous voulez vous serrer les uns aux autres et fuir en avant, en espérant que le danger atteigne le voisin plutôt que vous. Jetez-vous tout de suite dans l'étang, si vous n'aspirez qu'à être un banc de poissons.
Je me moque bien que notre char subisse des dégâts. Au contraire, il est là pour ça, pour que ce ne soit pas nous qui les prenions. Ça se répare, la mécanique, et quand c'est irrémédiablement détruit, ça se remplace. Tandis qu'un fils, une sœur, la moindre goutte de sang valgarde, non. Et surtout des numéros de votre espèce. Là, ce serait carrément une perte pour l'humanité ! Enfin, nous ne lui avons pas fait traverser un marais sur dix kilomètres pour faire ensuite comme s'il n'était pas là, ce char. Et d'ailleurs, vous savez quoi ? Si notre char est détruit, si les chars ennemis le sont également, s'il ne reste rien dans ce foutu trou qui puisse nous embarquer, eh ! bien, nous continuerons à pied. Notre mission n'est pas de livrer un blindé à un musée, mais de rattraper par tous les moyens la colonne de Schneider pour en signaler la position à notre aviation et s'assurer de son annihilation complète. Avec ou sans char.
L'ennemi a commis plusieurs erreurs. D'une part, il a laissé des survivants, et les renseignements qu'ils ont pu nous fournir sont excellents. Nous savons ainsi où se trouve le danger, ces mines qui vous effraient tant, ces batteries antichar et ces tanks impériaux. Nous savons surtout quelle est la nature des forces adverses : une avant-garde. Une avant-garde, face à des guerriers de votre trempe, qui avez fauché par grappes des légionnaires de la garde d'élite du Félon ! Une avant-garde qui, de surcroît, a dû livrer bataille pour s'emparer des lieux. Ces fantassins sont las — le front n'a cessé de se déplacer —, peu nombreux et n'attendent plus qu'une chose : l'arrivée des renforts qui les relèveront. Nous pouvons deviner tous ces éléments car ils n'ont pas même les moyens d'effectuer des patrouilles, puisque c'est nous qui avons découvert le camp des rescapés. D'autre part, l'ennemi a divisé ses maigres forces. En nous divisant, nous qui sommes un petit groupe d'assaillants, nous couvrons plus de terrain, nous sommes plus discrets et rapides, nous encerclons l'ennemi, désorganisons sa riposte, submergeons ses premières lignes et suscitons sa panique en le laissant croire à notre supériorité numérique. En se divisant, un petit groupe de défenseurs s'éparpille. Mais à l'inverse, si nous n'attaquons qu'en un seul endroit, nous le laissons libre de se réorganiser et de se regrouper pour concentrer sa défense. La situation bascule de nouveau en sa faveur, puisque c'est lui qui bénéficie de fortifications et autres retranchements.
Dans le cas présent, les forces ennemies ne sont pas suffisamment nombreuses pour défendre efficacement le site qu'elles occupent : si nous savons profiter de nos avantages et de leurs erreurs, nous pouvons les surprendre et les éliminer sans qu'elles ne puissent opposer de véritable résistance, c'est-à-dire que nous avons la possibilité de surmonter le problème de notre propre faiblesse numérique. Voilà un argument de poids auprès de tous ceux qui craignent la mort, ce me semble. Encore faut-il savoir saisir la chance au vol, ce qui demande un minimum d'audace.
Bref, je maintiens mon plan tel que je vous l'ai présenté. Je suis prêt à discuter de la constitution des équipes, de l'enchaînement des mouvements, du détail des objectifs, d'autant qu'il faudra s'adapter le moment venu. Mais je reste inflexible sur ce qui en constitue le cœur et nous garantit les meilleures chances de victoire :
— une attaque simultanée en plusieurs points ;
— un usage offensif de notre cavalerie.
Je ne vois qu'une seule explication à pareille folie : vous avez peur, soldats. Et la peur vous fait régresser à l'état de meute : vous voulez vous serrer les uns aux autres et fuir en avant, en espérant que le danger atteigne le voisin plutôt que vous. Jetez-vous tout de suite dans l'étang, si vous n'aspirez qu'à être un banc de poissons.
Je me moque bien que notre char subisse des dégâts. Au contraire, il est là pour ça, pour que ce ne soit pas nous qui les prenions. Ça se répare, la mécanique, et quand c'est irrémédiablement détruit, ça se remplace. Tandis qu'un fils, une sœur, la moindre goutte de sang valgarde, non. Et surtout des numéros de votre espèce. Là, ce serait carrément une perte pour l'humanité ! Enfin, nous ne lui avons pas fait traverser un marais sur dix kilomètres pour faire ensuite comme s'il n'était pas là, ce char. Et d'ailleurs, vous savez quoi ? Si notre char est détruit, si les chars ennemis le sont également, s'il ne reste rien dans ce foutu trou qui puisse nous embarquer, eh ! bien, nous continuerons à pied. Notre mission n'est pas de livrer un blindé à un musée, mais de rattraper par tous les moyens la colonne de Schneider pour en signaler la position à notre aviation et s'assurer de son annihilation complète. Avec ou sans char.
L'ennemi a commis plusieurs erreurs. D'une part, il a laissé des survivants, et les renseignements qu'ils ont pu nous fournir sont excellents. Nous savons ainsi où se trouve le danger, ces mines qui vous effraient tant, ces batteries antichar et ces tanks impériaux. Nous savons surtout quelle est la nature des forces adverses : une avant-garde. Une avant-garde, face à des guerriers de votre trempe, qui avez fauché par grappes des légionnaires de la garde d'élite du Félon ! Une avant-garde qui, de surcroît, a dû livrer bataille pour s'emparer des lieux. Ces fantassins sont las — le front n'a cessé de se déplacer —, peu nombreux et n'attendent plus qu'une chose : l'arrivée des renforts qui les relèveront. Nous pouvons deviner tous ces éléments car ils n'ont pas même les moyens d'effectuer des patrouilles, puisque c'est nous qui avons découvert le camp des rescapés. D'autre part, l'ennemi a divisé ses maigres forces. En nous divisant, nous qui sommes un petit groupe d'assaillants, nous couvrons plus de terrain, nous sommes plus discrets et rapides, nous encerclons l'ennemi, désorganisons sa riposte, submergeons ses premières lignes et suscitons sa panique en le laissant croire à notre supériorité numérique. En se divisant, un petit groupe de défenseurs s'éparpille. Mais à l'inverse, si nous n'attaquons qu'en un seul endroit, nous le laissons libre de se réorganiser et de se regrouper pour concentrer sa défense. La situation bascule de nouveau en sa faveur, puisque c'est lui qui bénéficie de fortifications et autres retranchements.
Dans le cas présent, les forces ennemies ne sont pas suffisamment nombreuses pour défendre efficacement le site qu'elles occupent : si nous savons profiter de nos avantages et de leurs erreurs, nous pouvons les surprendre et les éliminer sans qu'elles ne puissent opposer de véritable résistance, c'est-à-dire que nous avons la possibilité de surmonter le problème de notre propre faiblesse numérique. Voilà un argument de poids auprès de tous ceux qui craignent la mort, ce me semble. Encore faut-il savoir saisir la chance au vol, ce qui demande un minimum d'audace.
Bref, je maintiens mon plan tel que je vous l'ai présenté. Je suis prêt à discuter de la constitution des équipes, de l'enchaînement des mouvements, du détail des objectifs, d'autant qu'il faudra s'adapter le moment venu. Mais je reste inflexible sur ce qui en constitue le cœur et nous garantit les meilleures chances de victoire :
— une attaque simultanée en plusieurs points ;
— un usage offensif de notre cavalerie.