Sortie Ciné

[Oniros]

Alors Vendredi je me suis fait une petite sortie ciné et j'ai pris une bonne grosse claque comme je n'en avais pas eu depuis Inception. Et les responsables : le duo Wachowsky (pardon pour le troisième, là tout de suite j'ai zappé son nom, enfin il a réalisé cours Lola cours). Cloud Atlas, donc puisque c'est de lui dont il s'agit, à mon humble avis mérite vraiment le déplacement. C'est une véritable gageure, un objet filmique non élucidé, voire halluciné et à peine croyable...Côté montage même Tarantino, il peut ramassé ses billes et aller jouer ailleurs. Techniquement c'est d'une virtuosité rarement atteinte, à se demander même s'il ne font pas mieux que David lynch. Il faut vraiment être dingue pour se lancer dans une telle entreprise. Ils ont pris tous les risques tant sur le plan artistique qu'économique...
Bref si vous êtes curieux, courez-y, peut-être qu'après vous regretterez mais ce serait dommage de rater une expérience cinématographique comme celle là, ça je vous le garantit.

[R.Mike]

Et au fait, c'est compréhensible ?

Sinon le troisième larron c'est Tom Tykwer, qui est aussi au scénario.

[Oniros]

Tout dépend de quel degré de compréhension tu parles.
Concernant les tenants et les aboutissants de(s) (l')histoire(s) ben oui en grande partie puisqu'il s'agit grosso modo d'une parabole sur la condition humaine : sa bassesse et sa grandeur... avec une mécanique narrative interne à chaque segments doté de son propre récit qui se mêle aux autres ce qui fait voler en éclat les principes habituels grâce à un montage déstructuré, tout en préservant une cohérence d'ensemble (le méta-récit). Mais pour ce qui est du reste : être capable au premier visionnage de saisir totalement les implications du récit son contenu philosophique (tous domaines confondus), ses références scientifiques, littéraires, musicales...etc..j'en passe et des meilleures... Et bien alors là il faut se décaniller de bonne heure . Je peux te dire que c'est coton. Sur ce plan là ils vont plus loin et frappent plus fort encore que Matrix. Mais émotionnellement c'est un tel uppercut que ça passe plutôt bien car j'ai le sentiment qu'ils ont corrigé l'erreur de Matrix : ils parviennent ici à parler autant à l'âme, qu'à la raison : Je me demande s'ils ne sont pas les premiers à avoir réussit ce tour de force.
Voilà, j'espère que ta curiosité est satisfaite. et que cela aura donné envie d'y aller à ceux qui liront ce petit paragraphe.

[Gluon_Master]

'tain, les gars, vous avez vraiment aimé Matrix? (oui je parle bien du 1, les autres n'ont même pas le mérite que je leur accorde ne serait-ce qu'une syllabe)

Pour moi, il n'y a que le synopsis qui est très bien dans ce film... Côté réalisation ça pousse les jaunes-verts à tout va sans raison et sans le talent de Jeunet/Caro pour ces teintes là, il fait tout le temps nuit et tout le monde se ballade en cuir noir et lunette noires pour aucune autre raison apparente que pour le staïle. Les scènes de combat sont bien faites (et encore il faut le dire vite, parce que le bullet time à toutes les sauces...), certes, mais il n'y a que ça pour rattraper le reste. Hugo Weaving est très bien mais c'est surtout sa tronche qui fonctionne (et le corollaire de mongôl et gotha dans casus avec Elrond m'a fait hurler de rire). Et la musique du film est une cacophonie electro-metalleuse bien pourrie... (Bon je suis pas objectif, j'aime pas l'électro-metal)

Pour moi, la référence récente des films de SF à base de réalité virtuelle, c'est Source Code avec Jake Gyllenhaal. Il est passé inaperçu du coup je l'ai vu chez moi dans mon canap' et j'ai pris une bonne claque. Celui-là ne souffre que d'un budget qu'on sent un poil limité, mais le geste n'en n'est que plus beau pour moi.

Autant ton premier post m'a donné envie (+ les belles affiches dans le métro il faut dire), autant avec le dernier je me suis dit que je le materais en .avi quand je le trouverais. Parce que le seul film avec une histoire incompréhensible que j'ai regardé avec attention du début à la fin, c'est Mulholland Drive (de David Lynch), que j'ai revu d'ailleurs plusieurs fois sans vraiment avoir tout compris, et il fallait tout son talent de réalisateur pour parvenir à cet exploit. Ceci dit, si t'aime les films complètement incompréhensibles, je te conseilles vivement The Tree Of Life avec Sean Penn et Brad Pitt. Moi j'ai tenu 5 min. Ah, et je veux bien que tu m'expliques le film après l'avoir vu aussi

[Taline]

Parce que le seul film avec une histoire incompréhensible que j'ai regardé avec attention du début à la fin, c'est Mulholland Drive (de David Lynch), que j'ai revu d'ailleurs plusieurs fois sans vraiment avoir tout compris, et il fallait tout son talent de réalisateur pour parvenir à cet exploit.

Si tu as aimé voir et revoir plusieurs fois Mulholland Drive, faut vraiment que tu vois "Lost Highway" alors (un de mes films préférés)
Mulholland Drive fait pour moi partie des derniers films de Lynch les plus "accessibles", surtout si on le compare à son dernier film-ovni (même en adorant Lynch j'avoue que j'ai eu du mal !) ou même à ses court-métrages.

Pour The Tree of Life j'étais dans de bonnes conditions pour le voir et j'ai bien aimé. Y'a certains films qui sont comme des tableaux, on n'aime ou on n'aime pas, y'a pas de toujours de justification

[Oniros]

Alors Là Taline, je t'apprécie déjà, même si nous nous sommes entrevus qu'une fois, je crois que l'on pourrait s'entendre : je partage entièrement ton avis.
Pour Gluon Maintenant : Je n'ai jamais dit à R. Mike que j'avais tout compris loin s'en faut je n'ai pas cette prétention. Mais il ne m'a pas laissé insensible. Après Les wacho sont tellement particuliers qu'ils déchainent les passions et les avis opposés et tranchés se répandent comme une trainée de poudre sur le net les critiques pro sont divisés, les cinéphiles aussi. Bref, clairement, ils ne feront jamais l'unanimité et c'est tant mieux. Ce ne sont pas que des réalisateurs- techniciens, ce sont de véritables artistes dont le médium est le cinéma. De films en films on retrouve leurs préoccupations, leurs obsessions...comme chez les plasticiens, c'est pourquoi, Taline j'aime bien le lien que tu as fait avec la peinture en comparant certains objets filmiques avec des toiles en mouvement (Lynch bien sûr, Burton aussi parfois...). Sinon, Gluon, dans Matrix la dominante musicale n'est pas de l'électro-métal mais du métal-indus, ça n'a rien avoir avec de la techno (à laquelle j'associe plus volontier le terme d'électro)...D'ailleurs Lynch dans Lost Highway en utilise également dont certains artistes figurent aussi sur les BO de Matrix. Films pour lesquels ta critique assassine me laisse pantois. Oui Matrix a des défauts, d'accord, mais de là à le flinguer comme ça, ça me parait disproportionné.
Enfin, bon c'est comme tu le sens.

[Gluon_Master]

Si tu as aimé voir et revoir plusieurs fois Mulholland Drive, faut vraiment que tu vois "Lost Highway" alors (un de mes films préférés)

On m'en a déjà beaucoup parlé mais j'ai pas eu encore l'occasion.

Pour The Tree of Life j'étais dans de bonnes conditions pour le voir et j'ai bien aimé. Y'a certains films qui sont comme des tableaux, on n'aime ou on n'aime pas, y'a pas de toujours de justification

Je dois être trop cartésien, trop terre à terre ou trop ras les pâquerettes. Mais un film où je ne saisis pas l'histoire ou le fond rapidos, et où il n'y a rien à quoi je peux m'accrocher, je dors. En même temps ton corollaire avec les tableaux explique certainement ça parce que je suis ultra difficile avec la peinture, peu de choses me parlent vraiment. J'admets que tout ça est très personnel en tout les cas. Pourtant je ne pense pas être insensible, y'a des films comme 21 grammes (Sean Penn/Naomi Watts/Benicio Del Toro) que j'ai vraiment visionné avec mes tripes. Y'en a d'autres, plus en langueur, en subtilité comme Lost In Translation (Bill Murray/Scarlet Johansson) que j'ai vraiment apprécié (d'ailleurs comme je suis un poil passionné, en général quand j'aime, j'ai le DVD à la maison). Bref tout ça est très subjectif.

Les wacho sont tellement particuliers qu'ils déchainent les passions et les avis opposés et tranchés se répandent comme une trainée de poudre sur le net les critiques pro sont divisés, les cinéphiles aussi. Bref, clairement, ils ne feront jamais l'unanimité et c'est tant mieux. Ce ne sont pas que des réalisateurs- techniciens, ce sont de véritables artistes dont le médium est le cinéma. De films en films on retrouve leurs préoccupations, leurs obsessions...comme chez les plasticiens

"Speed Racer", que je n'ai pas vu mais qu'ils ont réalisé après Matrix, a reçu deux prix: Un Razzie Award et un prix du meilleur film ados... J'ai dans l'idée que ça résume l'ensemble de leur oeuvre. J'attends qu'ils me prouvent le contraire et je serais ravi d'apprécier vraiment pour la première fois un de leur film.

Sinon, Gluon, dans Matrix la dominante musicale n'est pas de l'électro-métal mais du métal-indus, ça n'a rien avoir avec de la techno (à laquelle j'associe plus volontier le terme d'électro)...

Au temps pour moi. Toutes ces bouillies presse-hydraulique/guitare électrique genre Rammstein/Rob Zombie/Marilyn Manson, j'ai vraiment du mal. Il y a cependant une ou deux exceptions dont Fear Factory. Enfin la musique pour le coup c'est vraiment ultra subjectif.

Films pour lesquels ta critique assassine me laisse pantois. Oui Matrix a des défauts, d'accord, mais de là à le flinguer comme ça, ça me parait disproportionné.
Enfin, bon c'est comme tu le sens.

C'est totalement subjectif mais c'est vraiment ce que je ressens. Par contre je redis à nouveau que je pense vraiment que le synopsis est génial, que c'est une excellente idée et révolutionnaire pour l'époque, mais affreusement exploitée et sacrifiée sur l'autel de la mode (celle qui sens mauvais quand tu marches dedans, pour citer Desproges). Ce qui me fait trembler des genoux, c'est que tu oses mettre un "s" à film en plus...

[Oniros]

Speed Racer : je n'en ai pas parlé, et c'est volontaire : je ne l'ai pas vu non plus et les quelques images et résumés sur lesquels je suis tombé ne m'ont absolument pas donné envie de le voir. Pour tout te dire je me dit que le razzie obtenu pour ce film, je suppose qu'ils l'ont bien mérité.
Et de ton côté as-tu vu "Bound" leur premier film ? Quelque chose me dit que tu pourrais aimer, car point de maniérisme, ni de musique énervante .
En effet, peut-être es-tu trop cartésien, vu ta question de savoir si c'est faisable de sauter sur un cheval lancé au galop et quelle peut être la difficulté de la chose ? fais comme Peter Jackson : si t'en as envie ça le sera après tout c'est toi le MJ. Je partage la ligne de R.Mike, réaliste ou pas on s'en tape, après tout, si nous sommes rôlistes ce n'est pas pour rien... c'est qu'on est en décalage par rapport au réel, communément admis comme tel.

[Gluon_Master]

car point de maniérisme, ni de musique énervante .

Touché. Le maniérisme, c'est exactement ça.

...ahem...

...Bon quand même... au risque d'en remettre une couche (c'est pas de ma faute, c'est de l'urticaire, mais ça va passer...), quand je compare ça avec un autre nanard thermonucléaire plus vieux d'un an (donc le premier a copié sur le deuxième), si t'enlèves le bullet time c'est exactement la même tisane. Les héros sont habillés à l'identique, ont les mêmes poses alambiquées, presse-hydraulique version métal pour l'un et techno pour l'autre, la chorégraphie des combats utilise les mêmes ficelles, les héros ne se couvrent pas, ne se planquent pas, ne se protègent pas...
- Quand même, y'a 72 mecs avec des fusils d'assaut des casques et des gilets pare-balles... Dont certains tirent à bout portant...
- Ouais mais tu comprends, ils sont trop fort, ils modifient la matrice pendant le combat...
- Et ça sert à quoi de marcher sur les murs et de faire la roue comme en sport d'école primaire?
- Mais c'est pour éviter les balles, ils vont tellement vite qu'ils esquivent tout, tu vois...
- MMhhh... et le tout en gabardine longue et avec des lunettes noires opaque dans un intérieur déjà plongé dans une pénombre...

Comble du maniérisme: le début, genre je passe mon sac dans le détecteur pour bien montrer que je suis blindé (avec un plan sur les bottes comme dans l'autre extrait), j'ouvre ma veste en mode pervers pépère "Tu les as vu mes gros mikos", et pour finir je mets mon ennemi hors de combat d'un seul atemi "parce que regarde en fait j'ai même pas besoin de mes joujous pour te botter le c#l..."

Bon allé la cerise sur la forêt noire: Keanu Reeves n'aime tellement pas les filles qu'ils ont dû trouver une nénette avec -36 en féminité... Ok je sors...

Mais promis je regarderais ton "Bound" (James Bound?... ok je re-sors) à l'occasion.

[Oniros]

Ouah ! alors là je suis scotché ! Je ne pensais pas que ton allergie était aussi prononcée : Tu m'as l'air d'être à la limite du choc anaphylactique .
Finalement, tu as bien fait de repeindre le plafond en t'accrochant au rouleau (ben ouais t'es dans la matrice ) non ! non ! ne me fouette pas !
J'ai ri de bon coeur : la façon dont tu l'exprimes, ça vaut son pesant de caouette . En tout cas, je suis toujours surpris de voir les disparités qui peuvent exister dans la façon qu'ont les gens de percevoir les oeuvres qui leur sont "proposées" (je dis ça pour ne pas être grossier ).

Les oeuvres d'art de toute façon n'ont pas pour objet d'être réalistes ou vraissemblables. Elles existent pour susciter réflexion et émotions pas pour être conformes au réel. La reproduction n'est pas de l'art. C'est pour ça qu'en art, le naturalisme est si chiant, c'est triste à mourir, il n'y a pas d'élévation... Il y a un propos de Nietszche que j'adore et qui illustre parfaitement cela en substance, il dit que c'est l'art qui nous permet de supporter la réalité. Et en tant que rôliste bi-classé Technicien des services culturels, je me sens concerné. Voilà.